Faut que je vous dise... L'humour noir dans la présentation des condoléances réside surtout dans les maladresses
Alors que je cherchais une formule sur Internet car je pense que nous sommes nombreux à ne pas savoir trouver les mots justes dans ce genre de circonstances, je fus quelque peu surprise de certaines phrases que j'y ai trouvé. Et dire que je me trouvais en manque d'inspiration. Et j'osais penser que mes mots seraient maladroits dans l'exercice délicat d'évoquer la mort et la perte d'un être cher. Or, je n'avais encore rien vu.
Commençons par celle-ci : « Cette nouvelle m'a atteint au plus profond de moi même. » Oui, vous allez me dire que j'ai vraiment l'esprit mal tourné mais je ne peux m'empêcher de me dire que ces mots sont écrits par une maîtresse épleurée qui fait plus encore que le deuil d'un homme, celui d'un voire plusieurs orgasmes.
Ensuite, nous avons : « Vous voilà désormais face à l'absence qu’il vous laisse irrémédiablement » et « Il a donc fallu que son destin s’arrête là pour vous laisser dans un désarroi que nous imaginons ». Certes, elles ne sont pas drôles mais je trouve qu'elles ont un côte « je renfonce le couteau dans la plaie » : « Et ouais, t'es tout(e) seul(e) maintenant, tu n'as plus personne, tu souffres, c'est douloureux hein ? ». Et le « irrémédiablement », je m'interroge sur la nécessité de l'ajouter. C'est vrai, on se doute bien que le défunt ne va pas revenir, à la limite, c'est même ce qu'on espère !
Je pense que celle-ci reste ma préférée : « Nous sommes de tout cœur avec vous en ces moments douloureux. Une mauvaise nouvelle en ce début de semaine. Grosses bises à tous ». Franchement, la deuxième phrase fait tout. Et oui, c'est toujours chiant de commencer la semaine avec un deuil, comme commencer un régime. Ça fait penser à ce que l'on ressent le dimanche soir quand on se dit qu'il va falloir aller travailler le lendemain. Non mais c'est vrai, déjà que le lundi c'est chiant, tiens, il manquerait plus qu'il pleuve aussi pour bien me foutre ma semaine en l'air. Et on termine en beauté avec le « grosses bises », si sympathique. Grosse bise et bonjour à ton père, ah merde non, c'est vrai, il vient de mourir ! La petite touche finale que tu apprécies toujours, comme une chef que tu ne pourrais pas blairer parce que c'est une conne pas très compétente et qui fout un peu la merde et qui finit systématiquement ces appels par « Ciao à plus ».
Mais il n'y a pas que dans ces cas-là que j'arrive à voir de l'humour noir. Chaque jour de travail, je passe devant le panneau du parc de loisirs Anne Franck. J'ose à peine imaginer à quoi il ressemble. Des pièces secrètes où se cacher, de petits endroits étroits, insalubres et froids. Un parc où on te propose de rester au minimum une journée et une nuit pour revivre l'angoisse des juifs cachés pendant la Guerre. Des bruits de bombes qui tombent au loin, des coups de feu et le pas lourd de grosses bottes... Ça fait rêver !