Vie de mère célibataire – 3ème jour

6h14 – Le radio-réveil se met en route. Cela fait deux fois que je me réveille une vingtaine de minutes avant. J'arrive tout de même à me rendormir. La nuit fut bonne. Pour mon loulou aussi, je ne l'ai pas entendu, c'est l'effet dolodent !

7h40 – Je suis prête. Les repas sont dans les sacs. La lessive est programmée. Le lave-vaisselle est débarrassé. Je peux m'occuper de mon fils.

8h15 – Petit bonhomme habillé chaudement, nourri, déposé chez la nounou. Punaise, déjà deux textos de reçus. Un de mon homme qui n'a pas passé une bonne nuit car il n'a vraisemblablement pas digéré son plat d'hier soir (voilà ce qui se passe quand on ne déguste plus les bons petits plats de la maison !) et l'autre de ma belle-sœur pour Noël. Je pars au boulot.

9h01 – Je badge, avec une minute de retard. Saloperie d'ordi qui met 3h à démarrer. Deux nouveaux textos. Mon homme toujours. J'ai cru que c'était pour me dire qu'il était malade mais non, juste qu'il avait touché ! L'autre, ma belle-sœur, toujours, à croire qu'ils se sont donnés le mot pour me harceler dès le matin. Elle essaie de s'occuper de son idée cadeau et me rappelle pour la troisième fois, que si j'ai besoin, il ne faut pas hésiter. Non mais j'avais déjà compris la première fois, quand j'avais déjà décliné leur proposition. C'est pas vrai, ils me croient vraiment incapable de gérer mon fils et ma maison en l'absence de mon mari pour réitérer leur offre ? Je sais que ça part d'un bon sentiment mais ça me fait chier et ça me vexe un peu. Je sais me débrouiller toute seule et je n'ai franchement pas besoin de leur aide. Grrr.

12h27 – J'ai vraisemblablement décidé de risquer ma vie cette semaine. Après les œufs périmés, le four agressif, aujourd'hui, le poisson à arêtes. Elles sont petites, sournoises, je dois donc être vigilante afin d'éviter d'en avaler un qui me transpercerait de l'intérieur ! Suis-je devenue amatrice de danger ou est-ce des tentatives de suicide inconscientes ?!

17h – Je quitte le boulot pour rentrer un peu plus tôt et accomplir quelques tâches qui sont plus compliquées à faire quand mon « petit-dents-qui-poussent » est là. Ma mission : en moins d'heure, récupérer un colis chez Cultura, passer l'aspirateur dans toute la maison, dépendre une lessive pour en pendre une autre.

20h14 – J'ai réussi ma mission ! Mon petit bonhomme a pris son bain. Son père nous a appelé à ce moment-là, de son téléphone pro, pour se la péter ! Des appels qui, quand ils ne sont pas interrompus par son manager, sont ponctués de petites phrases qui ne me sont pas très agréables telles que « on mange dans 9 minutes » ou « ce soir, je pourrais pas t'appeler parce qu'on fait une soirée chouffe* ». Ce n'est pas que je sois contre le fait qu'il se détende un peu car sa formation est très prenante mais je me rends compte que nous sommes bien loin de nos débuts où nous parlions des heures au téléphone. Aujourd'hui, quelques minutes semblent suffire... Bref, notre petit loulou a ensuite été nourri et a priori, dort, du moins, je ne l'entends plus. Ses biberons sont nettoyés, j'ai bu ma soupe, encore une soirée palpitante.

Je me rends compte que c'est au bureau que je me sens le mieux, où j'ai l'impression d'être quelqu'un. A la maison, j'ai le sentiment de n'être qu'une machine, qui fait ce qu'elle a à faire, une robot maman. C'est déprimant. Et ce qui l'est encore plus, c'est que j'ai pensé à me faire des pâtes au maroilles toute la journée pour me consoler de mes petites tristesses et je n'ai même pas le courage de les faire. Heureusement, ma journée fut ponctuée d'échanges de mails avec une autre « mère célibataire par intérim ». Nous vivons et ressentons les mêmes choses, c'est rassurant de savoir que nous ne sommes pas seules à vivre cette expérience et plein d'autres choses. Pas facile d'être maman et même pour reprendre l'expression de ma consœur, pas facile d'être une « super-maman-épouse-femme-businesswoman ».

Sur ce, j'irai bien me laver les cheveux !

21h40 – Je vais me coucher et regarder le deuxième épisode de Fais pas ci, fais pas ça au fond de mon lit, au chaud sous ma couette. Hé ! Mais c'est que j'ai réussi à passer une soirée avec plus rien à faire. Ben ouais, il faut trouver du positif.

* bière du coin