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Faut que j'vous dise
Faut que j'vous dise
  • Blog composé de billets d'humeur sur la vie quotidienne de son auteur, mais aussi sur l'actualité. Il comporte également des rubriques, celle de Super Sponge Girl ou encore un recueil décalé de "pensées philosophiques".
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16 novembre 2020

Faut que j’vous dise, aujourd’hui, la pression est trop forte

Et depuis hier à vrai dire. Les semaines sont fatigantes. Se lever tous les matins pour le travail et/ou conduire les enfants à l’école. S’occuper des enfants. Faire les lessives. Gérer le lave-vaisselle. Préparer les repas. Nettoyer la maison. Faire des activités avec les enfants. Gérer les devoirs. Préparer les goûters. Ranger. Et répéter encore et toujours, des dizaines et des dizaines de fois les mêmes choses. Alors, parfois, on est épuisé. Un peu au bout du rouleau. Au bout de ses forces, de son énergie et de sa patience. Envahi.e par une fatigue physique mais aussi psychologique.

Alors, on craque. On crie. On s’énerve. Pour des choses qui, avec le recul, ne sont pas toujours très importantes. Mais tout peut prendre des proportions disproportionnées quand on est dans cet état. On perd le contrôle. Le contrôle de la situation. Le contrôle de soi.

On réalise que la pression est parfois trop forte. Le parent solo et particulièrement en garde exclusive, doit assumer tellement de choses. Il doit tout gérer seul au quotidien. Alors oui, on demande aux enfants de participer à la vie du quotidien. En leur demandant de mettre la table et à débarrasser leurs assiettes, en leur demandant de ranger leurs pyjamas et de mettre leur linge dans le panier à linge sale. De petites choses abordables à leurs âges mais qui nous soulage un peu. Un peu, parce qu’il faut sans arrêt leur répéter de le faire et qu’il reste tout de même tant d’autres choses à faire. Et la moindre erreur, la moindre faute, la moindre faiblesse de notre part est jugée. Depuis quelques mois, je dois régulièrement essuyer les reproches du père absent mais qui se permet tout de même ses remarques acerbes. Les ex beaux-parents qui s’y mettent avec de petites remarques sournoises en soulevant que le jean de la petite était troué ou que le grand a besoin d’un coupe-vent pour le sport. Parce que tout ce que l’on va mal faire va être soumis au regard d’autrui pour être jugé. Et parfois, c’est par nos propres enfants qu’on est jugé. On n’est pas à la hauteur. On les gronde, on les embête, on leur crie dessus, on les punit. Alors, on devient pour eux un parent horrible, méchant, qu’on n’a pas envie d’aimer. Parce qu’il est plus facile de nous signaler tout ce qu’on fait mal plutôt que de noter tout ce que nous tentons de positif. Faire des crêpes alors qu’on est nulle, laisser regarder des dessins animés, faire une sortie, préparer un plat tous ensemble, faire une activité artistique, jouer ensemble, faire des câlins, lire des histoires, aller voir des copains ou les inviter à la maison. Non, on se sent sans cesse juger et en faute. On s’épuise pour éviter ces jugements. En vérifiant les vêtements mis dans le sac afin de s’assurer qu’aucun ne soit taché ou troué par exemple.

C’est plus facile pour l’autre parent. Celui qui est loin. Celui qui voit les enfants moins souvent. Celui qui a une plus grande aisance financière. Celui qui va les couvrir de petits cadeaux. Celui qui va les emmener dans plein d’endroits sympas alors qu’il ne le faisait pas spécialement avant. Forcément, à côté, le parent du quotidien est tellement moins fun. Tellement moins sympa.

On craque. Parce qu’on ne peut rien dire. Parce que les enfants ne doivent pas savoir à quel point c’est difficile pour nous d’être deux parents en un. De n’avoir personne sur qui s’appuyer ne serait-ce qu’une demi-journée quand on est épuisé. Que l’autre se permet des remarques alors que c’est lui qui a fait le choix d’être loin de ses enfants. Que l’autre vous accuse de vouloir le soumettre à vos volontés, qu’il soit à votre disposition alors que c’est lui qui change sans cesse les dates où il doit avoir les enfants et que vous devez tout le temps vous adapter à son emploi du temps et ses envies. Que parfois, nous sommes en plein paradoxe à vouloir qu’ils aillent vivre chez l’autre tellement on est épuisé tout en voulant les garder avec nous parce qu’on ne peut pas vivre sans eux.

Alors, on pète des câbles parce qu’à force de tout supporter, la pression finit par être trop forte. Tout nous submerge. On perd le contrôle et on voudrait juste que tout s’arrête. On se retrouve à craquer chez soi, après avoir conduit les enfants à l’école. On pleure en débarrassant le lave-vaisselle. On multiplie l’usage de mouchoirs en triant le linge. On ne veut pas garder pour soi cette souffrance.

Alors, je finis par déverser mes mots comme je déverse mes larmes. Pour me soulager. Pour évacuer. J’aimerais pour me libérer. Mais je sais que l’épée de Damoclès reste au-dessus de ma tête. Je voudrais fermer les yeux et m’évader. M’endormir pour un sommeil où mes songes ne seraient pas envahis par leur père. Me reposer. Reprendre des forces. Des forces pour affronter tout ça et tenir. Tenir et résister. Être forte.

 

Damocles-WestallPC20080120-8842A

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